Kazib :
Bien qu’il n’ait pas pu obtenir ses 500 parrainages et qu’il ne soit donc pas officiellement candidat à la présidentielle, nous tenions à inclure Anasse Kazib dans ce classement car il a été le plus à l’écoute et disponible pour comprendre nos problèmes et revendications. Il s’est positionné publiquement de manière claire en faveur de la décriminalisation entière du travail sexuel, comprenant même les difficultés posées par les définitions actuelles du proxénétisme qui restreignent nos droits au logement, à la sécurité, ou à la vie privée et familiale. Il a pris le temps de nous rencontrer alors même qu’il galérait à chercher des signatures. Il comprend très bien les mécanismes d’exclusion des minorités sexuelles, de genre, ou religieuses, dans certains courants politiques et mouvements sociaux, et se montre donc sensible à ce que subissent les TDS.
Poutou :
Il est sans doute le meilleur candidat pour les travailleurSEs du sexe. Bien que Poutou se considère toujours abolitionniste, il défend un abolitionnisme proche de ses idéaux originels, à savoir pour la tolérance de la prostitution (contre le réglementarisme ET contre le prohibitionnisme) afin de ne pas mettre en danger les personnes qui l’exercent. Comme son parti le NPA, il défend une approche non répressive, contre la pénalisation des clients et des travailleurSEs du sexe. Dans leur optique, l’idéal abolitionniste de disparition du travail sexuel ne peut être atteint que par une lutte anticapitaliste et anti-patriarcale en s’attaquant aux causes structurelles contraignant quiconque à exercer un travail sexuel, et non en nous privant de nos revenus ou de nos droits humains. Il est prêt à discuter avec le STRASS et le mouvement des travailleurSEs du sexe sur les moyens à mettre en œuvre contre les violences, les discriminations, et pour l’accompagnement social via des mesures d’urgence immédiates telles que la régularisation des sans-papiers ou un revenu à 1800€ pour touTEs. Le débat doit se poursuivre cependant sur la question du travail, et notamment de l’accès au droit du travail et à la protection sociale. Il a utilisé récemment le terme « travailleurSEs du sexe », ce qui montre une évolution majeure nous incluant dans la classe des travailleurs et un éloignement du vieux concept excluant de lumpen prolétariat.
Jadot :
Le parti EELV a de longue date pris des positions anti répressives, et a notamment passé plusieurs motions dans leur parlement interne contre la pénalisation du racolage ou des clients. Jadot s’est exprimé dans Têtu et sur Twitter contre la loi de 2016 mais a néanmoins fait marche arrière après des interpellations de prohibitionnistes en parlant ensuite d’évaluation de la loi. Les propositions en faveur des droits des travailleurSEs du sexe ont par ailleurs disparu de son programme officiel alors qu’un chapitre était consacré dans celui de sa candidature en 2017. A l’époque, il défendait l’abrogation des arrêtés municipaux, or les villes de Lyon et Strasbourg gérées par des maires EELV depuis 2020 continuent de les appliquer en pleine contradiction avec la position votée par leur parti. Des ennemis des TDS notoires font par ailleurs carrière dans ce parti comme Mme Rémy-Leleu installée comme candidate d’ouverture au conseil de Paris et qui est devenue en février 2022 directrice du Mouvement du Nid. Devant tant de revirements, d’incapacité à défendre leur position, et de mensonges, il est donc difficile de faire confiance.
Mélenchon :
Monsieur Mélenchon est abolitionniste et favorable à la pénalisation des clients qu’il a défendue à plusieurs reprises. Il a également prononcé des formules malheureuses comme le fait que « personne ne voudrait que sa fille ou sa mère soit prostituée » comme si nos entourages proches ne pouvaient pas nous accepter en tant que travailleurSEs du sexe. Il n’a jamais répondu aux sollicitations du STRASS ou des organisations de travailleurSEs du sexe, y compris au pire moment de la crise COVID19. Néanmoins, il est sauvé par son entourage puisque les députées Autain et Obono nous ont soutenu pendant la crise COVID en écrivant au gouvernement afin que nous bénéficiions d’un fonds d’urgence. Celles-ci sont également opposées à la pénalisation des clients à cause de ses conséquences en termes de précarisation et d’insécurité. Si la France Insoumise inscrit les principes de l’abolitionnisme dans son programme, ils n’ont pas de position tranchée sur la pénalisation des clients car ce débat n’a pas encore été porté en interne. Une rencontre inter-asso début 2022 avec le député Bastien Lachaud a permis de préciser un programme social et de lutte contre les discriminations. Leur programme évoque une protection contre les discriminations liées au logement ce qui impliquerait une redéfinition du proxénétisme dit hôtelier laissant envisager un peu de réflexion et d’espoir.
Arthaud :
Nathalie Arthaud est abolitionniste mais contre les lois visant la prostitution de rue visible comme le délit de racolage ou la pénalisation des clients. Elle pense que la question du droit du travail est un faux débat car, pour elle, la « prostitution » relève toujours d’une absence de choix, et de contraintes. Elle défend une politique de suivi social, pour la santé, l’hébergement, la formation, la régularisation des sans-papiers, et de faciliter les démarches administratives pour les personnes trans. Cependant, elle a cosigné une tribune amalgamant le travail sexuel au viol et dénonçant le STRASS et les organisations de travailleurSEs du sexe comme un projet ultralibéral et antiféministe visant à décriminaliser le « viol sous contrainte morale ».
Lassalle :
Jean Lassalle a voté contre la loi de 2016 en tant que député. Malheureusement, il s’est également prononcé contre la PMA et a voté contre le mariage pour tous n’indiquant pas un réel soutien à l’égard des minorités concernées par le travail sexuel. Les accusations portées contre lui pour harcèlement et agressions sexuelles de la part de plusieurs femmes incitent également à la méfiance.
Pécresse :
Valérie Pécresse a voté pour la loi de 2016 en tant que députée. Elle ne s’exprime pas publiquement sur le travail sexuel, mais de manière générale, elle est de droite. Nous n’avons donc rien à attendre d’elle pour lutter contre la précarité et les discriminations. En tant que présidente de la région Ile de France elle a supprimé les aides aux transports en commun pour les sans-papiers.
Hidalgo :
Anne Hidalgo est abolitionniste de longue date, a signé plusieurs pétitions en faveur de la pénalisation des clients, ainsi qu’une tribune dénonçant le STRASS comme « proxénète ». Le conseil de Paris dont elle est maire vote régulièrement des vœux pour la criminalisation du travail sexuel, dont récemment contre la pornographie ou encore les salons de massage, et la mairie de Paris applique conjointement avec la préfecture, des arrêtés anti-stationnement sur l’ensemble des bois de Boulogne et Vincennes visant particulièrement les travailleuses du sexe. Les demandes de subventions du STRASS ne sont jamais étudiées ni passées au vote au conseil de Paris, et le prêt de locaux municipaux est interdit en cas d’invitation ou de présence du STRASS à un événement public. A sa décharge, des associations de santé communautaire sont financées par la ville de Paris pour la prévention et l’accompagnement, comme le Bus des Femmes ou Acceptess-T. Elle a récemment demandé à ses adjoints de mener des auditions pour informer sa politique municipale. Est-ce le signe d’une écoute nouvelle, ou bien d’un désir de gagner du temps et de nous balader le temps d’une campagne électorale ?
Macron :
Emmanuel Macron est président depuis 2017 et nous avons donc eu à subir sa politique néolibérale autoritaire et sécuritaire. Il défend la loi de 2016 et en particulier la pénalisation des clients devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme, en amalgamant le travail sexuel à la traite des êtres humains. Sous son mandat, trois propositions de lois présentées par ses députés ont été votées pour davantage de censure de la pornographie et de contenu adulte en ligne. Il mène une politique antisociale et anti-minorités. De nombreuses travailleuses du sexe ont été poussées à la mort, en particulier pendant la crise sanitaire COVID, durant laquelle sa ministre Marlène Schiappa a refusé d’accorder toute aide aux travailleurSEs du sexe, malgré les appels à la création d’un fonds d’urgence relayés par 50 parlementaires de sa propre majorité. Ces élus n’ayant jamais réussi à relancer un débat sur la loi, malgré la publication de rapports d’évaluation montrant son échec total, les espoirs de changement sont plus que minces.
Roussel :
Fabien Roussel est abolitionniste et grand défenseur de la loi de 2016 dont la pénalisation des clients. Les militants de son parti accusent régulièrement le STRASS sur les réseaux sociaux d’être une organisation proxénète, avec parfois des appels au goulag. Ses élus votent systématiquement pour la criminalisation du travail sexuel, contre nos droits, mais aussi contre les subventions aux associations de soutien, comme le Lotus Bus de Médecins du Monde au conseil de Paris. C’est le PCF qui a présenté les vœux pour la fermeture des salons de massage ou contre l’exploitation des poupées sexuelles. Le STRASS est interdit de présence à la fête de l’Humanité et de nombreux articles dans ce journal nous diffament. L’élue communiste Hélène Bidard mène actuellement un procès bâillon contre Act Up-Paris qui avait dénoncé publiquement sa politique putophobe.