Ni coupables ni victimes
Les mesures de confinement ont mis un coup d’arrêt brutal à l’exercice du travail sexuel et beaucoup de collègues se retrouvent sans rien pour survivre. Comme pour chaque épidémie, nous sommes cibléEs comme boucs émissaires et certaines personnes se retrouvent accusées de transmettre le virus lorsqu’elles continuent de travailler, alors que les déplacements pour le travail restent une circonstance permettant de sortir de chez soi pour tous les autres travailleurs ne pouvant pratiquer le télétravail.
Malgré les discours officiels nous qualifiant de « victimes de la prostitution », les travailleurSEs du sexe se retrouvent encore criminaliséEs comme délinquentEs, une répression une fois de plus contre-productive, car comment payer les amendes si ce n’est en devant faire plus de clients et donc braver le confinement ?
Le travail sexuel est un travail
La meilleure solution pour s’assurer de ne pas avoir à sortir de chez soi serait au contraire de nous garantir un revenu de remplacement comme peuvent en bénéficier d’autres travailleurs via les systèmes de protection sociale, arrêt maladie, chômage technique, congés payés, etc. Pour des raisons purement morales et idéologiques, les travailleurSEs du sexe sont privéEs de droit du travail et des solutions forgées par les mouvements des travailleurs. Au lieu du droit commun, un dispositif inadéquat via ledit « parcours de sortie de la prostitution » montre son inefficacité à protéger le plus grand nombre, avec des conditions d’entrée contradictoires variant selon l’arbitraire des préfectures et commissions départementales.
La « sortie de la prostitution » forcée comme en rêvaient les prohibitionnistes, nous y sommes. Néanmoins cela signifie concrètement la mort sociale de l’ensemble des travailleurSEs du sexe, et révèle une incapacité de l’état et des pouvoirs publics à garantir une vraie alternative économique aux dizaines de milliers de personnes concernées qui sont toujours, sans papiers, sans revenus, sans logement fixe.
Face à l’hypocrisie des grands discours politiques, au dysfonctionnement et aux défaillances de l’état à garantir notre santé et notre survie, nous en appelons donc à la générosité du grand public. Plusieurs caisses de solidarité ont été mises en place pour venir en aide aux plus précaires et démunies parmi nous. Chacune de nos associations a créé une cagnotte et nous appelons à faire un don à l’une ou plusieurs d’entre elles selon vos affinités et moyens.
- FAST (Fonds d’Aide Sociale Trans), cagnotte pour les travailleurSEs du sexe transgenres
- STRASS Syndicat du Travail Sexuel, cagnotte pour toutes les travailleurSEs du sexe en France
- TaPotePute, cagnotte pour toutes les travailleurSEs du sexe qui demanderont de l’aide
- Par et Pour, cagnotte pour les travailleurSEs du sexe et autres groupes précarisés
- Cabiria, cagnotte pour les travailleurSEs du sexe de la région lyonnaise en lien avec l’association
- Bus des Femmes, cagnotte pour les travailleurSEs du sexe de la région parisienne en lien avec l’association
- Grisélidis, cagnotte pour les travailleurSEs du sexe de la région toulousaine en lien avec l’association
Merci de votre soutien,