Nous nous sommes battuEs pendant plus de 10 ans pour l’abrogation du délit de racolage public. Depuis le 13 avril 2016, le délit de racolage est abrogé mais, est remplacé par l’interdiction d’achat d’acte sexuel qui pénalise les clientEs des TravailleurSEs du Sexe d’une contravention de 1500€ et d’un stage de sensibilisation et de … cas de récidive. Nous luttons contre cette mesure prohibitionniste depuis l’annonce du projet de loi de « lutte contre le système prostitutionnel » en 2013. Cette infraction justifiée, par le gouvernement et les associations abolitionnistes, par la mise en responsabilité des client.Es dans l’exploitation et la traite sous la directive des organes féministes institutionnels dans la lutte égalité Femme Homme plonge les TravailleurSEs du Sexe dans la plus grande précarité sans réparation économique ni morale de l’activité et dans le dénie le plus total des violences inhérentes au prohibitionnisme. Ces effets contre productifs ont été étayés par notre expertise ainsi que celle des associations et celle des nombreux rapports internationaux.

La loi permet déjà de sanctionner les atteintes ou agressions sexuelles ainsi que les « clients » de mineurs, de personnes particulièrement vulnérables ou de victimes de travail forcé ou de traite. Aller plus loin en sanctionnant les clients des travailleurSEs du sexe majeurEs, en l’absence de tous abus ou violence, porte non seulement une atteinte inacceptable à notre liberté sexuelle mais a aussi pour effet d’aggraver notre situation. Nous rejetons l’idée selon laquelle nous serions, par principe, des victimes qu’il faudrait sauver, ce contre notre gré.

Nous refusons le statut de victime qui expose aux pires stigmatisations et la domination institutionnelle qui impose aux TravailleurSEs du sexe son processus de victimisation paternaliste et matriarcal , et nous place au rebut de la société en sabotant notre autonomie en nous contraignant soit à la précarité et à la violence, soit au parcours de sortie inopérant économiquement et qui s’apparente à un chantage moral et dogmatique dans la non prise en compte des situations et de la parole des interesséEs.  (voir notre article en revendications « Ni abolitionnistes, ni réglementaristes : syndicalistes »).

Nous réclamons depuis cette date l’abrogation de l’interdiction d’achat d’acte sexuel qui expose à la précarité et aux violences et continuerons, car notre activité est légale, à faire valoir nos droits en tant que Travailleur.Ses.

Également, nous réclamons la disparition du code pénal des dispositions sanctionnant spécifiquement le « proxénétisme ». Censées nous protéger des exploiteurs, elles font aussi obstacle à l’exercice de la prostitution en nous refusant la possibilité de nous organiser (en nous empêchant, par exemple, de partager un lieu de travail) ou de bénéficier d’une quelconque aide extérieure. Ces dispositions ont également pour conséquence de nous isoler toujours plus du reste de la population, en accusant de proxénétisme toute personne bénéficiant de nos revenus, y compris les membres de notre famille ou nos amis, à moins de prouver que leur train de vie correspond à leurs ressources.

La loi du 13 avril 2016 en tant que loi prohibitionniste, nous contraint à prendre des mesures pour travailler qui ne sont pas sans conséquence sur notre autonomie et notre sécurité et peut engendrer des situations, par les intermédiaires, de subordination, inacceptables qui contreviennent à la lutte contre l’exploitation à laquelle nous sommes farouchement et définitivement opposéEs. Ces effets ont également été dénoncés de notre part.  (voir notre article en revendications « application du droit commun« ) .


décriminalisation
Manifestation du 08/04/2017 ; 1 an de pénalisation, 1 an de trop !