Nous sommes des putains de travailleurSEs !

Nous sommes des putains de travailleurSEs !

Après la réélection de Macron comme président de la République, beaucoup de travailleurs craignent de voir le droit du travail et les protections sociales reculer encore davantage. Parmi ses promesses de campagne : retraite à 65 ans, travail obligatoire pour les bénéficiaires du RSA, assurance chômage plus stricte, flexibilisation du temps de travail avec la monétisation des RTT.

En tant que travailleurSEs du sexe, nous luttons avec l’ensemble de notre classe, contre ces nouvelles attaques. Or, nous le faisons davantage par solidarité avec vous, car en tant que travailleurSEs du sexe, nous sommes déjà excluEs de ces droits. La plupart d’entre nous n’avons déjà pas de retraite, nous n’avons pas droit au chômage, ni à une durée légale du travail. Y compris dans les secteurs légaux des industries du sexe, le droit du travail s’applique rarement faute d’un soutien des organisations syndicales classiques et d’un désintérêt de l’inspection du travail. Beaucoup d’entre nous travaillent dans ladite économie informelle, mais beaucoup d’entre nous aussi travaillent en étant déclarées, contribuant à l’URSSAF et au trésor public sans bénéficier des mêmes droits et protections que les autres travailleurs et citoyens.

Cette situation a été particulièrement cruelle en période de crise sanitaire puisqu’aucune indemnisation n’était prévue par le gouvernement pour l’ensemble des travailleurSEs du sexe et que nous avons dû organiser la solidarité entre nous, en faisant appel à la générosité du public. Les seules réponses du gouvernement et de la classe politique en général sont le contrôle social et la répression, le relais vers la charité chrétienne, en nous exceptionnalisant comme des objets déviants à réinsérer socialement, plutôt que de nous reconnaitre comme des sujets adultes citoyens détenteurs de droits.

Beaucoup d’entre nous ont fait barrage contre le fascisme et ont voté utile et antifasciste dès le premier tour pour des candidats qui défendent la criminalisation du travail sexuel. Nous savions que nous n’avions rien à y gagner, et beaucoup à y perdre. Nous l’avons fait parce que nous sommes aussi mères de famille, amiEs, camarades, que nous subissons des oppressions multiples en dehors de notre travail, et que nous ne pouvons pas nous permettre l’égoïsme et la désinvolture. D’autres parmi nous n’ont pas le droit de vote ou ont perdu la force de l’exercer.

Nous ne demandons pourtant pas grand-chose : les mêmes droits que les autres travailleurs, la reconnaissance que nous sommes nous aussi des travailleurs, l’arrêt immédiat de toute forme de pénalisation du travail sexuel, et le droit au séjour pour les travailleurSEs du sexe migrantEs.

Nous sommes là. Même si Macron ne veut pas, nous on est là !

 

Tous les rendez-vous pour le 1er mai via le site de la CGT : https://mobilisations-en-france.cgt.fr/news/map

Cortège du STRASS à Paris dimanche 1er mai, départ République 14h

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