Discours de Beverly à la pride de Lyon
Discours de Beryl à Clermont-Ferrand
Il y a encore quelques années si on m’avait dit que j’allais prendre la parole à visage découvert, sous mon état civil en tant que pute affichée je vous aurais rigolé au nez ou je vous aurais répondu que le premier avril c’était y a un peu plus de 2 mois.
Nos préoccupations ne sont pas de proclamer que le travail du sexe c’est génial car la question n’est pas de savoir si le travail du sexe est bon ou mauvais. Demanderiez vous à des personnes qui travaillent à la chaîne de cesser leur activité? Est-ce que vous vous posez la question de savoir si leur travail est bon ou mauvais? L’injonction à adorer son travail est-elle a géométrie variable? On peut aimer son travail, on peut le détester, on peut y être dans l’indifférence. Nos préoccupation sont, avant toute chose de pouvoir exercer dans la sécurité.
La loi est à géométrie variable car comme par hasard nous avons le droit d’exister lorsque nous sommes déclaré, lorsque nous déclarons nos revenus à l’Urssaf, lorsque, si nous sommes imposables, nous payons des impôts, et lorsque nous devons subir des redressements judiciaires. En revanche pour toucher le chômage, avoir une mutuelle, une prévoyance santé et une prévoyance retraite, bref DES DROITS là il n’y a plus personne.
Nos métiers sont stigmatiser et nous marginalisent, nous sommes plus que vous ne le pensez, vous avez dans vos proches, vos collègues, votre entourage, des personnes qui exercent les métiers du sexe mais qui ne vous le dirons jamais. Notre activité étant légale (oui il y a même un code APE pour notre profession) nous avons dû créer notre propre syndicat il y a un peu plus de 10 ans.
Nous ne souhaitons pas être arrachée à une situation qui nous convient très bien et dont nous ne voulons pas être « secourus ». Si nous sommes victimes, c’est avant tout de vos politiques mortifères. Si nous sommes victimes, c’est avant tout des milieux militants de gauches au sein desquels nous déchantons puisque nous nous attendions à y trouver des alliés pour y trouver finalement des tortionnaires. Si nous sommes victimes c’est beaucoup plus de nos maris, de nos conjoints que de nos clients.
Alors toi la féministe autoproclamée, la prochaine fois que tu iras en manif un 8 mars ou un 25 novembre avec un cortège attractif (avec le mot « féminisme » écrit dessus) quand ton date Tinder te paye le restau, quand le père de tes enfants t’offre cette boite de chocolat ou que ton mari te surprend avec ce bouquet de rose pour tes 5 ans de mariage, rappelle toi de la nature marchande de ces cadeaux pas toujours désintéressés et que ces messieurs espèrent quelque chose en retour. Oui je sais, pas tous les hommes, vous êtes peut-être avec des perles rares et c’est super, mais si la plupart des hommes cis ne réagissaient pas comme cela le patriarcat n’existerait déjà plus.