La lutte contre les violences dans l’industrie pornographique doit se faire avec et pour les personnes concernées. La parole des victimes doit être centrale dans la qualification des violences, notamment en reconnaissant le consentement des TDS, et son absence, comme critère principal.
Or, le rapport du Haut Conseil à l’Egalité (HCE) considère le consentement des travailleuses du sexe comme inopérant. A la place, il nous propose de qualifier de violence toute une liste de pratiques sexuelles jugées moralement répréhensibles, comme les fessées ou les insultes, même entre adultes consentants.
Les propos stigmatisants et discriminants du rapport sont nombreux. Les femmes travailleuses du sexe sont qualifiées de « poupées gonflables ». La vaginoplastie est qualifiée de « mutilation génitale ». La pornographie gay est désignée « misogyne » et les hommes gays passifs sont assimilés au féminin, parce qu’ils « subiraient » des pénétrations multiples. Comment autant de propos sexistes, transphobes et homophobes peuvent ils être véhiculés dans une vision totalement hétéronormative de la sexualité ?
Le HCE appelle à invalider tous les contrats signés par des travailleuses du sexe, demandant une « nullité juridique » et s’opposant ainsi à toute reconnaissance et application du droit du travail dans l’industrie du sexe, en particulier de la pornographie, alors que c’est une de nos revendications majeures.
Le rapport préconise de créer une infraction contre la propagande à l’exploitation sexuelle, et donne pour exemple des actrices porno qui disent aimer leur travail. Cela vise à censurer toute parole de travailleuse du sexe, pouvant aller jusqu’à l’interdiction juridique des comptes en ligne sur les réseaux sociaux. Le rapport recommande également le bannissement du terme « travail du sexe » qui est pourtant issu des personnes concernées.
Cela a ému des chercheurs qui rappellent que ce terme est largement utilisé dans les sciences sociales pour étudier les industries du sexe qui ne se résument pas à la « prostitution ». Le chercheur Florian Voros rappelle qu’il avait démissionné du HCE précisément parce qu’il refusait de prendre en compte une méthodologie scientifique. Il a été contraint de rappeler que l’étude américaine citée dans le rapport ne se base que sur 50 vidéos sélectionnées pour conclure que 90% des contenus sont violents, et qu’il n’était pas raisonnable de construire des statistiques à partir de 50 vidéos, interrogeant leur représentativité.
Nous ne pouvons que déplorer cette attaque supplémentaire contre les droits des travailleurSEs du sexe, et exigeons du gouvernement qu’il cesse sa complaisance et son soutien à l’égard de tels entrepreneurs de morale, dangereux pour nos droits, mais également pour les droits humains de tous les citoyens. La censure, les attaques contre la liberté d’expression ou le droit à la vie privée, doivent être rejetés avec force dans un pays qui se veut démocratique.