Quitte à mourir loin de leurs fenêtres, nous aurons travaillé dessous d’abord !

Aujourd’hui devait être discutée au Sénat une proposition de loi visant à abroger le délit de racolage public. Sous des prétextes fallacieux, cette discussion a été repoussée à une échéance tellement inconnue que l’on se demande si elle aura lieu un jour.

Aujourd’hui nous venons rappeler que les trottoirs nous appartiennent aussi, n’en déplaise à certaines féministes qui nous préfèrent mortes ! Parce qu’en nous éloignant des structures de prévention, de soin et de dépistage, en nous reléguant dans des lieux toujours plus cachés, en nous déclarant criminelles, c’est aux contaminations aux VIH/sida et autres IST et aux violences, notamment policières, qu’elles nous destinent. Ce sont notre santé, notre sécurité et nos vies qui sont en danger.

A quelques jours de la journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes, refuser même de discuter de la possibilité de l’abrogation du délit de racolage public est d’un cynisme sans nom. Parce que ce délit nous met bien sûr en danger en tant que pute, mais il met en danger toutes les femmes. Il ne s’agit ni plus ni moins d’un outil de contrôle social des femmes qui leur dicte la bonne manière de se vêtir, les bons lieux où être, les bons moments où sortir, la bonne manière d’utiliser leur corps, la bonne manière de gagner sa vie. Loin d’être progressiste, le maintien d’une politique prohibitionniste à l’égard des travailleuses du sexe correspond à la pire politique d’arrière-garde qui soit, celle qui rappelle à tout instant qu’une pute n’est pas une femme.

Le délit de racolage public n’est pas seulement sexiste, il est raciste. Sous couvert de lutte contre la traite et l’exploitation des êtres humains, grâce à l’amalgame assené ad nauseam selon lequel toute migrante en serait nécessairement victime, il favorise le contrôle des migrantes et, donc, l’expulsion de celles qui sont en situation irrégulière.

Alors que le tapis rouge est déroulé pour les « débats » des homophobes de tout bord, nous, les travailleuses du sexe, n’avons toujours pas voix au chapitre.

Si besoin en était, nous avons là une illustration supplémentaire de l’hypocrisie et de la lâcheté de ce gouvernement qui se dit de gauche tout en laissant agir le couple criminel formé par Najat Vallaud-Belkacem et Manuel Valls, et sanctifié par l’odieux silence de Marisol Touraine.

NOUS EXIGEONS :

–     l’abrogation immédiate du délit de racolage public ;

–     la fin immédiate de toute criminalisation et de toute répression du travail sexuel ;

–     l’application du droit commun aux travailleuses du sexe ;

–     une lutte efficace contre tout abus ou violence, en particulier le travail forcé, la servitude, l’esclavage et la traite à ces fins.

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