Texte lu lors des Assises de la Prostitution, le 20 mars 2009, à l’Odéon – Théâtre de l’Europe
Nous sommes prostituéEs, escortEs, acteurs ou actrices porno, strip-teaseurSEs, dominas, téléopératrices de téléphone rose, travaillant en appartement, dans la rue, en camionnette, par Internet ou petites annonces, femmes, hommes, trans’, françaisES et migrantEs,
ensemble, nous disons au reste de la société :
Nous ne formons pas un monde à part ;
Nous faisons partie de cette société.
Nous sommes vos mères, vos pères, vos soeurs, vos frères, vos enfants, vos voisins, vos parents, membres de votre famille, collègues de bureau, vous nous croisez tous les jours dans le métro ou dans la rue. Vous nous connaîssez sans nous connaître parce que l’opprobre sociale entourant la prostitution enferme encore trop d’entre nous dans la honte.
Aujourd’hui, nous sortons de cette honte.
Nous ne sommes ni des délinquantes ni des victimes.
Nous sommes des citoyens et des citoyennes. Nous sommes des électeurs et des électrices. Nous sommes des travailleuses et des travailleurs. Nous sommes fortes.
Aujourd’hui nous sommes là pour prouver au monde entier que nous sommes capables d’avoir un discours politique sur nous-mêmes, d’être des acteurs et actrices politiques.
Nous devons être entendues.
C’est pour cette raison que je suis fière de vous annoncer aujourd’hui la création du premier syndicat du travail sexuel, le STRASS.
Un syndicat, c’est le pouvoir de nous réapproprier la parole sur nous-mêmes.
Nous sommes les vrais expertEs sur la prostitution et le travail sexuel nous les travailleuses et travailleurs du sexe.
Un syndicat, c’est le moyen de faire pression sur les institutions et les politiques, pour changer les lois, faire cesser la répression, obtenir la reconnaissance de notre travail et donc de nos droits et la fin des discriminations.
Un syndicat, c’est la force de lutter contre notre exploitation et des conditions de travail de plus en plus difficiles. C’est mettre fin au proxénétisme par l’auto-organisation de notre communauté.
Un syndicat, c’est être solidaires, c’est apprendre les unes des autres, échanger et communiquer, guider les plus jeunes et celles qui démarrent, nous apporter entraide et support.
C’est donner ce que nous savons faire de mieux : l’amour.