MARISOL TOURAINE NUIT GRAVEMENT À LA SANTÉ

Annoncée ce mercredi 4 novembre, la fin de l’interdiction du don du sang aux gays, par la ministre de la Santé aurait pu représenter une avancée contre une discrimination qui n’a que trop duré, d’autant qu’il s’agissait d’une promesse attendue depuis des années ; sauf que la ministre modère cette mesure en y ajoutant des restrictions insensées :
« Dans un premier temps, le don du sang sera ouvert aux homosexuels n’ayant pas eu de relations sexuelles avec un autre homme depuis douze mois. » … On connaît, hélas, les ravages de la promotion de l’abstinence en matière de prévention. Et de continuer : « Dans cette optique, nous allons réécrire les questionnaires à remplir lors d’un don de sang pour préciser les conditions pour les homosexuels, mais également pour les hétérosexuels ayant des pratiques à risques, par exemple avec des prostituées. »
Cette dernière phrase trahit de manière flagrante la méconnaissance de la ministre sur ces questions.
Non, un rapport sexuel tarifé n’est pas un rapport à risque et les travailleurSES du sexe ne sont pas une « population à risque » ni des « vectrices de maladies ». Ce sont au contraire les premières à avoir lutté pour imposer le préservatif, mis en pratique et développé – avec efficacité – la santé communautaire depuis 25 ans. En matière de santé publique plus encore que dans n’importe quel domaine, il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités.
Non seulement cette « ouverture » au don du sang pour les homos qui contraint à l’abstinence est une mesure absurde déconnectée de toute réalité, mais c’est une insulte choquante pour les prostituées, qui nous ramène plus de 30 ans en arrière, voire au XIXème siècle ! Basés sur des préjugés et invalidés depuis des années par toute la communauté scientifique internationale, ces concepts sont tout simplement indignes d’unE ministre de la Santé… Il n’y a pas de « groupe à risque« , il y a des personnes exposées aux risques. Exposées, ces populations – les travailleurSES du sexe en particulier – le seront d’autant plus que la ministre soutient des mesures répressives (la pénalisation des clients) qui vont accroître ces risques et éloigner des populations entières des structures de prévention et de soins.
Ces mesures sont depuis des années dénoncées par l’ensemble des associations de lutte contre le VIH et des associations de médecins que Marisol Touraine a choisi sciemment de mépriser, après de mois de silence coupable, pour se rallier finalement à la position dictée par des lobbys prohibitionnistes qui ont toujours nui à la santé des travailleurSES du sexe (en refusant notamment de distribuer des préservatifs…)
Les errements, l’incompétence et le mépris de Marisol Touraine sont une calamité pour notre santé. Nous pensions connaître le pire avec Roselyne Bachelot en son temps (la loi HPST, les franchises médicales, la circulaire de 2011 restreignant drastiquement le droit au séjour pour soins, le démantèlement de l’Hôtel Dieu, la fermeture de centres IVG, le « plan national de lutte contre le VIH 2010/2014 » pour lequel rien n’a été fait et dont on se demande où est passé le budget) : mais Marisol Touraine poursuit exactement la même politique mortifère que sa prédécesseure. Pire encore, le projet de loi de finances 2016 programme le transfert de fonds du ministère de la Santé pour les réaffecter à la répression de la prostitution, comme nous l’avons récemment dénoncé.

MARISOL TOURAINE NUIT GRAVEMENT À LA SANTÉ DE TOUTES, DES FEMMES ET DES MINORITÉS EN PARTICULIER.

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