Les renoncements de la majorité ne nous étonnent pas, ils nous condamnent !

Alors que le Sénat vient d’adopter le projet de loi visant à instituer une « retenue » de 16 heures pour vérification du droit au séjour pour les migrantEs, il n’y a guère à s’étonner que, simultanément, la proposition de loi visant à abroger le délit de racolage public ait été retirée de la discussion initialement prévue le 21 novembre.
Le Parti Socialiste dispose des pleins pouvoirs. Le candidat Hollande avait promis l’abrogation du délit de racolage public. Le Président fait pire que ne pas tenir sa promesse, il la foule aux pieds : une discussion était prévue le 21 novembre, elle est « reportée ».
La justification officielle est la volonté de la ministre des Droits des femmes d’attendre la sortie prochaine d’un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur la prostitution. Imagine-t-elle sérieusement que ce rapport, dont l’objet n’est pas l’encadrement juridique du travail sexuel, contredira touTEs les travailleurSEs du sexe et leurs alliéEs qui dénoncent sans relâche depuis trop longtemps maintenant les violences de tous ordres engendrées par cette mesure ?
Nous ne sommes pas dupes. À peine entrée en fonction, Mme. Vallaud-Belkacem s’est empressée d’annoncer sa volonté d’abolir la prostitution, et ce en collaboration avec le ministre de l’Intérieur. Le ton de la perspective répressive ne pouvait pas être plus clair.
Pendant que la ministre se repaît en Suède de discours mensongers sur les vertus de la pénalisation des clientEs, nous, travailleurSEs du sexe, continuons à être victimes de harcèlement et de violences policiers. Notre santé et notre sécurité sont mises en danger à chaque instant. Sous couvert de réflexion, elle poursuit sa volonté de nous abolir en nous laissant crever loin de son regard.
Faut-il que nous nous fassions étrangler, brûler sous ses fenêtres pour qu’elle réagisse ?
Opposée au délit de racolage public au moment de son adoption, quand elle était dans l’opposition, la majorité privilégie désormais un attentisme criminel. Plutôt que de se démarquer de ses prédécesseurs, elle valide une politique aveuglément répressive ayant pour principal effet, si ce n’est le seul, de faire obstacle à l’exercice par les travailleurSEs du sexe de leurs droits fondamentaux.
Nous exigeons :

  • l’abrogation immédiate du délit de racolage public ;
  • la fin immédiate de toute criminalisation et de toute répression du travail sexuel ;
  • l’application du droit commun aux travailleurSEs du sexe ;
  • une lutte efficace contre le travail forcé, la servitude, l’esclavage et la traite à ces fins ;
  • la démission de la ministre des Droits des femmes.

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