Groupe de travail sur la prostitution: Pas sans nous !

Nous apprenons que le nouveau groupe de travail gouvernemental sur la prostitution se réunira le 25 mars 2010, soit le lendemain de nos Assises de la prostitution qui auront lieu au Sénat, or, les experts sur le sujet : nous les travailleurs et travailleuses du sexe, ne sommes toujours pas consultés.
Dans Le Parisien du 18 mars, la députée UMP Chantal Brunel que nous avons rencontré il y a quelques semaines reprend notre idée de “maisons ouvertes” mais tout en déformant partiellement le sens que nous en donnons en opposition aux maisons closes. ?Nous craignons en effet fortement les volontés politiques réglementaristes de l’Etat et en particulier ses volontés de contrôle médical, migratoire et fiscal.
https://strass-syndicat.org/2009/11/reouverture-des-maisons-closes-mise-au-point-sur-la-position-du-strass/
Nous refusons catégoriquement le principe de dépistage obligatoire qui est contraire à toute logique de prévention reposant sur la responsabilité partagée, la confidentialité des données médicales, et la non exclusion des personnes séropositives. Cette idée ne ferait qu’inciter nos clients à demander des rapports non protégés tandis qu’eux ne seraient pas dépistés. Nous rappelons que seul le préservatif protège.
Nous ne voulons pas de patrons. Nous voulons l’auto-organisation par les travailleurs et travailleuses. Nombreux sont les travailleurs qui refusent toute ingérence dans leur travail et nous doutons fortement que notre communauté se laissera imposer une politique de contrôle par un tiers, alors que depuis les années 1970 et les débuts politiques de notre mouvement, nous nous sommes toujours battus pour être indépendants de proxénètes.
Nous nous félicitons que Mme Brunel reprenne notre analyse de l’échec de la loi sur la sécurité intérieure qui pénalise le racolage. Mais dans la même interview elle dit qu’il “faut condamner la prostitution à l’extérieur de ces lieux” (des maisons ouvertes). Ceci est purement une forme de chantage: soit nous nous plions au contrôle de l’Etat, soit on continue de nous criminaliser.
Nos élus doivent comprendre qu’ils ne trouveront pas de solution politique sans notre participation aux prises de décision nous concernant. Ils seront voués à répéter les mêmes échecs s‘ils ne consultent pas les personnes qui vivent la prostitution au quotidien et savent tout des conséquences de leurs politiques.
Nous sommes les seuls à détenir l’expertise sur nos vies.

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