Condamnation d'un policier qui avait braqué des travailleuses du sexe

En mars 2011, alors qu’ils patrouillaient dans le bois de Vincennes, des policiers étaient attirés par les cris d’une femme leur désignant un homme qu’ils interpellèrent alors rapidement. « Je suis un collègue, j’ai fait une connerie », leur expliqua celui-ci.
Une « connerie » qui sera qualifiée par le procureur de « tentative d’extorsion avec violences ayant entraîné une incapacité totale de travail n’excédant pas 8 jours », et « tentative d’extorsion par violence, menace ou contrainte de signature, promesse, secret, fonds, valeur ou bien ».
En effet, après être monté dans la camionnette d’une travailleuse du sexe, alors que celle-ci lui demandait l’argent convenu pour la prestation, il avait sorti une arme à feu qu’il avait pointé à quelques centimètres du front de notre collègue en lui demandant son argent à elle. Fort heureusement, une autre travailleuse du sexe était présente dans le camion, et a pu saisir le canon de l’arme, laissant à la travailleuse braquée la possibilité d’aller chercher des secours. Pendant ce délai, l’agresseur frappa avec son arme la femme restée dans le camion, et un coup de feu partit, heureusement sans la toucher.
Placé en détention provisoire, son procès, lors duquel le STRASS, représenté par Maitre Tewfik Bouzenoune, était partie civile aux côtés des deux victimes, s’est tenu le 9 avril dernier : reconnu coupable, le prévenu a été condamné 4 ans de prison dont 2 ans et demi avec sursis, et à une interdiction de détenir ou de porter une arme de 5 ans. Le prévenu n’ayant pas fait appel, cette décision est désormais définitive.
Cette affaire appelle plusieurs commentaires :
Tout d’abord, elle nous rappelle les conséquences catastrophiques de l’instauration du délit de racolage sur la sécurité des travailleuses du sexe, reléguées dans des zones isolées où elles sont plus vulnérables aux violences.
Alors que le fait de partager un lieu de travail est toujours considéré par la loi comme du proxénétisme, c’est justement parce que nos collègues partageaient une même camionnette qu’elles ont pu suffisamment maîtriser leur agresseur le temps d’aller chercher de l’aide, et ainsi d’éviter le pire. Que serait-il arrivé si la travailleuse du sexe braquée en premier avait été seule ?
Enfin, les agressions ou crimes commis par des policiers sur des travailleuses du sexe n’étant pas rares, nous nous demandons comment, dans un tel contexte, penser que la pénalisation du travail du sexe puisse améliorer la situation de celles qui l’exercent.
Contacts presse :
Me Tewfik Bouzenoune, avocat : 06 78 70 01 56
Cadyne Sénac, coordinatrice juridique du STRASS : 07.60.42.51.80

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