TRAVAIL SEXUEL : STOP AUX RAFLES !

Vendredi 2 mars, l’AFP nous apprend qu’une fois de plus, sur réquisition du procureur de la République, la Direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP) a procédé à une vaste opération anti-prostitution au terme de laquelle 25 personnes ont été interpellées et 16 mises en garde à vue. Des proxénètes ? Des chefs de réseau de traite et d’exploitation des êtres humains ? Non : des putes, juste des putes.
15 des 16 gardes à vue concernent des travailleu(r)ses du sexe en situation irrégulière. Qu’adviendra-t-il de ces personnes ? Centre de rétention, reconduite à la frontière, expulsion, interdiction de territoire ? … Qui s’en soucie puisqu’il s’agit de poursuivre la politique du Kärcher, la chasse aux putes, en particulier étrangèrEs !


Sécurité publique ?  Insécurité organisée !
Sous couvert de protection de l’ordre public, ces descentes de police régulières visent à réprimer la prostitution. Est-il encore besoin de rappeler aux représentants de l’État que le travail sexuel n’est pas interdit en France ?
Sous couvert de rapprochement avec les populations concernées et de lutte contre les réseaux, c’est l’insécurité des travailleurSes du sexe qui est organisée, en les poussant vers toujours plus de clandestinité, voire au recours à des intermédiaires, pour pouvoir continuer d’exercer, ou tout simplement pour survivre.

De l’abolitionnisme à la prohibition…

Certains mouvements abolitionnistes s’indignent de cette répression qui vise les travailleurSEs du sexe, et nous nous en réjouissons. Mais, aliénés par leur idéologie faisant du travail sexuel une violence en soi, ils ne proposent qu’une autre forme de répression, tout aussi irresponsable et dangereuse en voulant pénaliser les clients. Il ne s’agit que de prohibition.
Ainsi que nous le martelons depuis des mois, l’absence de droits et la répression du travail sexuel, de manière directe ou indirecte, sont des entraves à la liberté, à la santé et à la sécurité des travailleurSEs du sexe, tout comme ce sont des obstacles à la lutte contre la traite et l’exploitation des êtres humains.

Répression = contaminations

Les acteurs de la lutte contre le sida sont aujourd’hui dans l’incapacité de faire un travail de prévention efficace  dans de telles conditions. Tous dénoncent la répression qui exclut les putes de l’accès à la santé et aux soins, méprise la santé publique et augmente les risques de contamination.
Nous, travailleuses et travailleurs du sexe, prostituéEs, acteurs de la lutte contre le sida et les IST, associations de santé communautaire, continuerons de nous élever contre toute forme de répression du travail sexuel.

Nous exigeons :

  • Que cesse toute pénalisation des travailleusEs sexuelLEs et des personnes qui les aident, en particulier en abrogeant les infractions de racolage public et de proxénétisme de soutien.
  • Que les actes de violences et les abus, y compris l’exploitation, que peuvent subir les travailleusEs du sexe soient efficacement réprimés.
  • Que plus de moyens soient accordés aux associations de prévention et de santé communautaire, la garantie effective de l’accès à la santé et aux soins pour les travailleusEs du sexe, à l’instar de ce que demande le Conseil National du Sida (CNS).
  • Des campagnes de prévention aux VIH-sida et autres IST ciblant les clients.
  • Qu’un titre de séjour soit délivré de plein droit sans conditions aux étrangerEs victimes d’exploitation afin de garantir leur accès effectif à la justice et leur rétablissement dans leurs droits économiques et sociaux.
  • Que les travailleurSEs du sexe puissent se réorienter, s’ils/elles le souhaitent, sans subir de discrimination en raison de leur activité passée.
  • Que le droit commun soit appliqué aux travailleurSEs du sexe, ce qui implique notamment la possibilité effective de bénéficier de l’assurance maladie et de l’assurance retraite après paiement de leurs charges sociales.


Ni proxos ni patrons, travail sexuel libre !


Signataires :
Strass, Syndicat du travail sexuel – ActUp Paris – Aides – A.N.A, Avec Nos Ainées – Autres Regards – Collectif Droits & Prostitution – Cabiria – Grisélidis – Acceptess-t – les Amis du Bus des Femmes – OUTRANS’ – STS, Support Transgenre Strasbourg – « Fédération Total Respect | Tjenbé Rèd (Fédération de lutte contre les racismes, les homophobies & le sida)
version PDF à télécharger : Communiqué de presse 07/03/2012 STOP AUX RAFLES

Partager maintenant

Comments are closed.