Quand la secrétaire d’Etat aux droits des femmes oscille entre ignorance et malhonnêteté…

Le 19 mars dernier, la secrétaire d’Etat aux droits des femmes était auditionnée par la Commission spéciale du Sénat sur la lutte contre le système prostitutionnel. A la lecture du compte-rendu de cette audition, il nous faut nous rendre à l’évidence : Mme. Boistard ne maîtrise pas du tout son sujet et ses propos oscillent entre ignorance et malhonnêteté.

Elle affirme ainsi que, selon le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), il existerait des risques sanitaires communs à toutes les formes de prostitution. Or ce rapport souligne exactement le contraire, à savoir que les risques sont « avant tout liés à la précarité des conditions d’existence » et que « le niveau de risques et la fréquence des pathologies varient selon les publics et les contextes d’activité ». La secrétaire d’Etat aux droits des femmes déforme donc sans vergogne les conclusions d’un rapport de l’IGAS, par définition indépendante, pour la faire coller à l’idéologie abolitionniste qu’elle souhaite véhiculer.

Non contente de travestir les conclusions de ce rapport, elle choisit sciemment d’ignorer les rapports indépendants concluant à la dégradation des conditions de vie des travailleuses du sexe en Suède pour leur privilégier le rapport officiel du gouvernement qui, bien évidemment, soutient la pénalisation des clients.

Ce faisant, la secrétaire d’Etat aux droits des femmes ne méprise pas seulement la parole des travailleurSEs du sexe en lutte pour leurs droits partout dans le monde1, mais également celle d’associations de santé (Act Up-Paris, Aides, Médecins du monde, etc.), féministes (Mouvement français pour le planning familial, Collectif 8 mars pour toutes, etc.) et de défense des droits humains (Ligue des droits de l’homme, etc.)2, d’instances nationales(Conseil national du sida, Commission nationale consultative des droits de l’homme, etc.)3 et internationales (Organisation Mondiale de la Santé, Programme des Nations-Unies pour le développement, ONUSIDA, etc.)4, lesquelles se sont toutes prononcées contre la pénalisation des clients des travailleuses du sexe. Non pas dans un contexte de défense du travail sexuel en tant que tel, mais bien parce que les conséquences d’une telle pénalisation seraient délétères pour les premièrEs concernéEs.

A une semaine du débat au Sénat sur la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel, une telle méconnaissance du sujet par la secrétaire d’Etat aux droits des femmes fait preuve au mieux d’une incompétence crasse, au pire d’une position consciemment criminelle.

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