Quand des syndicalistes en appellent au viol… et à des représentants du patronat

loitravailnonmerci-page-001Ce mercredi 9 mars, la mobilisation contre la loi travail, rendue possible par la colère et la détermination des jeunes et des salariéEs affirmant qu’ils, et elles, « valent mieux que ça » a été un véritable succès. 500 000 personnes ont pris la rue, des lycéenNEs ont bloqué leurs lycées, des étudiantEs ont mobilisé leurs facs donnant lieu à des Assemblées Générales dont le succès n’était pas sans rappeler les débuts du mouvement contre le Contrat Première Embauche, il y a 10 ans.

Ce mercredi 9 mars, les travailleurSEs du sexe en étaient : à Paris et Toulouse, un tract a été diffusé dans les manifs pour exposer les raisons qui font que nous ne pouvons qu’être partie prenante de ce mouvement. Le très bon accueil qui nous a été réservé de la part des autres travailleurSEs en lutte, nous affirmant leur soutien et leur solidarité, aura ajouté encore à l’enthousiasme suscité par cette journée.

Malgré ce bilan positif, un événement est venu troubler notre satisfaction : dans le défilé parisien, au sein d’un des nombreux cortèges de la CGT, un camion a diffusé un slogan appelant au viol sur la ministre El Khomri. Appeler au viol pour « corriger » les actions d’une femme n’est, hélas, ni exceptionnel, ni anodin. Si le projet de loi travail est à combattre radicalement, la focalisation sur une ministre, femme, non blanche, ne nous semble pas un hasard : l’utilisation de telles menaces sexuelles s’inscrit dans la pire tradition coloniale et masculiniste à la française. Consciemment ou non, utiliser de telles menaces, c’est faire de l’intimidation et remettre en cause la place des femmes dans la mobilisation. Pourtant, les femmes ne sont ni des soutiens ni des accessoires de ce mouvement naissant : elles doivent en être le cœur car ce sont elles qui sont en première ligne, qu’elles soient au foyer, dans l’économie invisibilisée ou sur le marché traditionnel de l’emploi.

Par ailleurs, au-delà d’un appel au viol déjà fortement condamnable en tant que tel, c’est à « Jacquie et Michel » que ces syndicalistes en appellent dans cet ignoble slogan, autrement dit, ils en appellent à de médiatiques représentants du patronat de l’industrie du sexe. En tant que syndicat de travailleurSEs du sexe, nous sommes particulièrement choquéEs que d’autres syndicalistes appellent à une telle collaboration avec des patrons, des patrons qui se sont de plus illustrés non seulement par leurs méthodes violentes pour forcer des actrices à des pratiques qu’elles refusaient, ou les déposséder de leur droit à l’image, mais aussi par leur collaboration « professionnelle » avec des militantEs d’extrême droite.

Face à un projet de loi qui vise à toujours plus précariser les travailleurs, et surtout les travailleuses, un tel appel au viol doublé d’une valorisation du patronat n’est pas acceptable dans nos rangs.

Le STRASS demande une désolidarisation de la CGT pour les propos tenus par les auteurs de ce slogan, et rappelle que si nous voulons gagner ce bras de fer contre le gouvernement, et plus généralement contre le néolibéralisme et ses promoteurs, ce ne sera qu’en s’organisant contre TOUS les patrons, en construisant des fronts de lutte où le racisme, l’extrême-droite, ses idées comme sa « culture » (qui dépassent largement les rangs du FN), sont bannis, de même que les violences masculines,afin de permettre l’investissement des femmes, de TOUTES les femmes, y compris des travailleuses du sexe.

Nous serons présentEs lors des prochaines mobilisations et appelons, notamment les femmes, à s’y rejoindre: le 17, le 24 et le 31 mars prochains.

Contre la loi travail : travailleurSEs du sexe en lutte !

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