Alerte, pénalisation = sida !

 
A l’occasion du 1er décembre, journée mondiale de lutte contre le sida, le collectif Droits & Prostitution interpelle à nouveau les associations, institutions, autorités publiques, et personnel politique sur la situation sanitaire des travailleurSEs du sexe.
Depuis le vote de la loi anti-prostitution du 16 avril 2016, nous constatons une précarisation accrue, des déplacements induits par la pénalisation, un pouvoir croissant des clients au détriment des travailleurSEs du sexe dans la négociation des pratiques, de l’utilisation du préservatif, des tarifs. Nous recueillons des témoignages sur un moindre usage du préservatif, et une augmentation des violences. Toutes ces situations sont reconnues comme étant des facteurs de vulnérabilité dans le dernier rapport de la Haute Autorité de Santé[1] tout comme dans l’ensemble de la littérature scientifique[2] sur l’épidémiologie VIH/sida concernant les travailleurSEs du sexe. Nous craignons donc une augmentation à venir des IST et des grossesses non désirées.
Nous constatons également que la plus grande mobilité des travailleurSEs du sexe, désormais nécessaire pour maintenir leur niveau de revenus, conduit à un moins bon suivi médical des séropositiVEs ou des collègues prenant un traitement prophylactique PrEP. Nous observons en effet que certaines collègues interrompent leur traitement ARV ou PrEP faute de pouvoir le renouveler facilement lorsqu’ils/elles sont amenéEs à se déplacer pour travailler. A cause de ces déplacements et de l’isolation accrue, il est par ailleurs plus difficile pour nos associations d’assurer leurs missions de prévention et d’accès aux soins, pour identifier et accompagner les collègues dans leurs démarches administratives, sociales et de santé.
Si la pénalisation des clients est entrée effectivement en vigueur dès après l’adotpion de la loi, le décret Réduction Des Risques concernant la santé n’est toujours pas publié et nous nous retrouvons toujours plus démuniEs face à des problèmes croissants. L’idéologie abolitionniste et les politiques de pénalisation sont incompatibles avec la santé publique. Nous subissons aujourd’hui un retour en arrière de trente ans lorsqu’on nous demandait de convaincre notre communauté d’arrêter le travail sexuel plutôt que de se protéger et de s’auto-organiser pour sa santé et ses droits. Quand les associations abolitionnistes sont à ce point favorisées politiquement et financièrement au détriment des associations de santé et/ou de lutte contre le VIH, il est évident que le gouvernement a pour objectif de tuer la santé communautaire et contrevient ce faisant à l’ensemble des recommandations internationales de l’Organisation Mondiale de la Santé et de l’ONUSIDA.[3]  
Nous exigeons : 
– l’abrogation de la loi du 13 avril 2016, pénalisant nos clients et conditionnant toute aide qui nous est apportée à l’arrêt de notre activité. 
– la mise en place immédiate d’une réelle politique publique de réduction des risques en matière de santé sexuelle et de lutte contre les IST, et une réelle politique de financement de ces actions.
 
 
Contact : Thierry Schaffauser, coordinateur national 07 69 27 76 11
droitsetprostitution.fr/1/index.php

 
[1] http://droitsetprostitution.fr/1/index.php/actualite-mobilisation/40-communique-de-presse-suite-a-has-janvier-2016
[2] http://www.thelancet.com/series/hiv-and-sex-workers
[3] http://www.who.int/hiv/pub/sti/sex_worker_implementation/fr/

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