50 ans de luttes, respectez les putes !
Arrêtez les arrêtés !
Aujourd’hui, plusieurs dizaines de travailleurSEs du sexe avaient prévu de perturber la cérémonie d’inauguration d’une plaque de la mairie de Lyon commémorant l’occupation de l’église St-Nizier le 2 juin 1975. Celle-ci a été annulée, officiellement en raison de la météo, mais nous savons depuis plusieurs jours que notre présence militante inquiétait. Nous maintenons néanmoins notre rdv à 14h aux TDS pour célébrer la mémoire de nos luttes. Nous n’avons pas peur ni de la pluie, ni des manipulations.
Nous refusons que notre histoire soit récupérée pour une opération de pinkwashing à un an des élections municipales. La mairie de Lyon continue de criminaliser les travailleuses du sexe via un arrêté municipal contre notre présence à Perrache. Nous dénonçons cette incohérence et absurdité : nos oppresseurs ne peuvent pas célébrer NOS luttes pour mieux nous en déposséder.
Nous refusons que notre histoire soit effacée et falsifiée. Nos luttes ne se sont pas arrêtées en 1975 et sont toujours vivantes aujourd’hui. Notre mouvement n’est pas mort, il ne peut pas être enfermé dans le passé, il est mobilisé plus que jamais contre les politiques répressives et sécuritaires de la mairie de Lyon et contre les politiques nationales fémonationalistes et racistes, carcérales et anti-migratoires.
Nous refusons que notre histoire soit manipulée pour présenter nos pires ennemis, à savoir le Mouvement du Nid, comme dépositaire de nos luttes, alors même qu’ils se sont toujours efforcés, et ce dès 1975, à empêcher toute revendication de reconnaissance du travail sexuel comme travail et en alimentant les rumeurs de mainmise de nos luttes de la part de « proxénètes ».
Nous refusons la tokenisation en sélectionnant quelle prostituée aurait droit à la parole pour mieux empêcher toutes les autres, en particulier celles qui refusent les processus de victimisation, justifiant de notre incapacité politique, et du besoin de représentants extérieurs, tels que les curés du Nid, les travailleurs sociaux, ou de lologues en tout genre. Nous refusons que nos expertises soient confisquées par des carriéristes, opportunistes, et par des chasseurs de subventions au détriment des premièrEs concernéEs excluEs de toute prise de décision.
Nous refusons le silence de la mairie de Lyon sur les meurtres des travailleurSEs du sexe, sur les attaques et tirs au flash-ball contre les TDS trans, alors même qu’elle se prétend fière et LGBT-friendly. Nous refusons sa complaisance à l’égard des groupes de « riverains vigilants » putophobes issus de la droite et de l’extrême droite qui instrumentalisent la question du travail sexuel uniquement pour des enjeux politiques et électoraux.
Nous exigeons mieux pour notre mémoire qu’une plaque minable, à savoir de vraies politiques mémorielles appuyant notre activisme culturel, via des centres d’archives et de documentation financés par les pouvoirs publics, le respect de nos cultures du témoignage, et des actions ambitieuses pour l’histoire de nos luttes, avec nous, ni sans nous, ni contre nous.
Nous exigeons la décriminalisation totale du travail sexuel, l’abrogation des arrêtés municipaux et préfectoraux, l’accès au droit du travail, le droit au logement, le droit de nous associer, le droit à la vie privée et familiale, le droit à la santé et à la vie, etc.