Combien de travailleurSEs du sexe mortes faudra-t-il pour que cesse la répression ?

 
version audio du Communiqué de presse :
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Dans la nuit du 31 mars au 1er avril, une travailleuse du sexe chinoise décédait suite à une agression à coups de couteau.
En 2011, seulement un an après être arrivée en France, notre collègue avait déjà été victime d’un violeur en série. Bien qu’elle ait porté plainte et que son agresseur ait été identifié et écroué, aucun titre de séjour ne lui avait été délivré parce que l’accès à la justice n’est pas un motif suffisant pour l’administration française. Elle ne disposait par conséquent d’aucune aide, d’aucun soutien, notamment matériel, de l’Etat.
Ici encore, son agresseur était connu pour être un « mauvais client », qu’elle aurait refusé si elle en avait eu les moyens. Mais elle n’avait pas pu travailler depuis plusieurs jours, en raison d’incessantes opérations de police visant les femmes chinoises, et était donc dans l’impossibilité de prendre le temps de choisir ses clients. Cette situation est symptomatique de la précarisation des travailleurSEs du sexe, précarisation qui s’est renforcée suite à la médiatisation de la proposition de loi visant à pénaliser les clients. Comme nous ne cessons de le rappeler, notre précarisation nous conduit à accepter des clients dangereux auxquels nous aurions normalement pris le soin de refuser nos services.
Lorsque notre collègue a été sauvagement agressée au couteau chez elle, ses voisines et collègues ont bien entendu des cris, mais elles ont eu peur d’appeler la police parce qu’elles étaient en situation irrégulière au regard de la législation relative aux étrangers. Leur défiance envers la police est la conséquence directe du harcèlement policier particulièrement intense dont sont victimes les travailleurSEs du sexe chinoises depuis plusieurs mois. Les contrôles d’identité ciblés et discriminatoires, les arrestations et leur lot d’abus et de bavure sont quotidiens si bien que, ne connaissant la police que comme le bras armé de la répression, elles renoncent à l’appeler même en situation de grave danger.
Nous pouvons entendre d’ici les voix des prohibo-abolitionnistes susurrer que notre collègue a été victime de la prostitution, puisque d’un client. Pourtant, l’assassin n’est pas le seul coupable : notre collègue a également été victime des politiques répressives tant en matière de travail sexuel que de migrations. A force de considérer les migrantEs comme coupables, elles/ils ne peuvent pas avoir recours à la protection dont toute personne sur le territoire français devrait bénéficier. A force de traiter les travailleurSEs du sexe comme des délinquantes tout en les considérant toutes comme des victimes indépendamment de leur situation, elles/ils ne bénéficient que trop rarement de protection le moment où elles/ils subissent des actes de violence !
L’Etat français est responsable des violences subies par les travailleurSEs du sexe, en particulier les travailleurSEs du sexe migrantEs, ainsi que de l’impunité de tels actes !
S’agissant des travailleurSEs du sexe chinoises, elles sont d’abord victimes d’un déni quotidien de leurs droits fondamentaux . Le harcèlement policier est la première des violences dont elles souffrent. Elles n’en sont que plus vulnérables aux agressions puisque leurs agresseurs savent qu’elles ne portent que rarement plainte en raison de la manière elles sont traitées par la police : comme des coupables. Pis, à force de considérer la prostitution comme une violence en soi, comme une activité à la limite de la légalité, de vouloir la régir par des lois toujours plus répressives, d’étiqueter les migrantEs comme des indésirables, les politiques publiques construisent les travailleurSEs du sexe, et plus particulièrement les travailleurSEs du sexe migrantEs, comme des cibles idéales pour les agresseurs qui estiment qu’il est normal de s’attaquer à des personnes qui n’ont de toute façon aucun droit.
Avec les débats autour de la proposition de loi visant à renforcer la lutte contre le « système prostitutionnel », nous constatons une augmentation des agressions des travailleurSEs du sexe. C’est une conséquence directe des discours victimisants et stigmatisants visant les travailleurSEs du sexe.
Cette proposition de loi est présentée comme une grande avancée dans la lutte contre la prostitution, mais qui en paiera le prix ?! Est-ce aux travailleurSEs du sexe, de le payer de leur vie ?
Combien de nos collègues doivent encore être agressées, violées ou tuées avant que nos droits soient enfin reconnus et respectés ?! Combien de larmes devrons-nous verser, combien de cris devrons-nous pousser, avant que notre parole soit enfin entendue et notre expertise reconnue, pour que cessent ces injustice ?!

Les travailleurSEs du sexe n’en peuvent plus :
des droits pour touTEs MAINTENANT !

Le STRASS exige :
la régularisation de touTEs les travailleurSEs du sexe en situation irrégulière ;
la fin de toute criminalisation et de toute répression du travail sexuel ;
l’application du droit commun aux travailleurSEs du sexe ;
une lutte effective contre tout abus ou violence, y compris le travail forcé, la servitude, l’esclavage et la traite à ces fins.
Contact presse : Thierry Schauffauser – 06.11.73.43.98

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