Le STRASS appelle à marcher à l'Existrans

Samedi 15 octobre 2016 aura lieu la 20ème Existrans. Depuis toujours, le STRASS soutient les revendications de la communauté trans* parce qu’environ 20% de nos membres et des travailleurSEs du sexe en France sont trans*.
 
Non aux Violences
Au moment d’écrire ces lignes, nous apprenons le meurtre d’Hande Kader, militante trans* en Turquie. Sa mort s’ajoute à la longue liste des personnes trans* régulièrement assassinéEs dans le monde. Mais savez vous que dans la grande majorité des cas, ce sont des femmes trans* travailleuses du sexe qui sont ainsi tuées ? D’après l’enquête Trans Murder Monitoring2015  menée par Transgender Europe, 65% des personnes trans* assassinées dans le monde étaient travailleuses du sexe, tandis que pour beaucoup d’autres la profession n’était pas connue.
Aux Etats Unis, l’activiste trans* afro-américaine Monica Jones rappelle que la police cible particulièrement les femmes trans*, y compris lorsqu’elles ne sont pas travailleuses du sexe, parce qu’elles sont présumées enfreindre les lois sur la prostitution, pour le simple fait d’oser être visible dans l’espace public. En France, au Bois de Boulogne, des femmes trans* sont quotidiennement l’objet d’intimidation et les agressions sont récurrentes. Cette situation n’est pas un hasard mais le résultat de la pénalisation du travail sexuel, de la transphobie, et de l’exclusion du droit commun.
Nous appelons la communauté LGBT à lutter contre la répression et les violences qui ont lieu au Bois de Boulogne. Anne Hidalgo, maire de Paris, veut se donner une image gay friendly mais elle continue de faire appliquer des arrêtés municipaux contre le stationnement de nos véhicules ou contre la promenade en sous bois visant uniquement les travailleurSEs du sexe et nos clients. Le STRASS recueille parfois des témoignages de femmes trans* arrêtées par la police, qui les masculinise et les met en cellule pour hommes, où elles subissent le harcèlement de leurs codétenus.
Si l’homosexualité n’est plus criminalisée depuis des décennies, les trans* sont encore nombreuses à l’être à cause des lois et arrêtés sur la prostitution. La communauté LGB doit prendre conscience que la criminalisation de la sexualité entre adultes consentants est toujours d’actualité pour une partie d’entre elle, en particulier la lettre T, qui reste la plus discriminée.
 
Non à la Pathologisation
Nous défendons depuis toujours le principe de dépsychiatrisation, d’autodétermination de son genre social, de libre accès aux soins et au changement de la mention de sexe à l’état civil sans condition ! Les personnes trans* n’ont pas à prouver qu’elles se conforment suffisamment aux normes sociales sur le genre binaire pour disposer des documents adéquats pour leur vie courante. Nous combattons l’hétéro-normativité imposée aux femmes, aux homos et à tout le monde. Cela concerne donc aussi les personnes trans*.
Nous connaissons trop bien le concept d’indisponibilité du corps défendu par la Manif pour Tous et les abolitionnistes. C’est cette doctrine chrétienne sécularisée dans la culture française qui explique que l’avortement hier, ou la PMA et la GPA aujourd’hui, soient interdites. C’est ce concept repris dans nos lois, qui empêche l’euthanasie, le libre exercice du travail sexuel, ou encore la pleine reconnaissance des parcours trans-identitaires.
Nous disons au contraire que nos corps nous appartiennent. L’état doit cesser d’infantiliser et de nier la capacité politique et d’autodétermination des femmes, de toutes les femmes, et des minorités sexuelles et de genre. Ce n’est pas parce que la société ne comprend pas ce que nous faisons de nos sexes que nous devons être considéréEs comme des ‘malades mentaLES’, des ‘aliénéEs’, ou des ‘inadaptéEs sociaLES’. Nos problèmes de santé ne viennent pas de ce que nous sommes, mais des discriminations, de l’exclusion, et de la criminalisation qu’on nous fait subir.
 
Non à la Précarité
Nos vies sont traversées par des multitudes de problèmes qui sont les conséquences de la transphobie et de la putophobie. Beaucoup de nos membres sont dans des situations précaires à cause d’un défaut de titre de séjour, parce qu’elles n’ont pas accès à un logement, parce que le travail sexuel est souvent la seule ressource économique à leur disposition.
La récente pénalisation des clients a accentué la précarité. Les déplacements de scènes de travail sexuel pour échapper au contrôle policier, ou la baisse de fréquentation de certains clients ont fait baisser nos revenus, et au final donné plus de pouvoir de négociation aux clients. Nous craignons que certaines personnes acceptent des rapports sexuels sans préservatifs, alors même que les femmes trans* travailleuses du sexe sont une des communautés les plus touchées par le VIH.
Au lieu de nous imposer un « parcours de sortie de la prostitution » sans les moyens financiers conséquents pour aider réellement les collègues qui voudraient changer de travail, l’état ferait mieux de lutter contre la pauvreté et les discriminations que nous subissons. C’est pourquoi nous soutenons toutes les revendications de l’Existrans, seul programme politique qui permette de réduire l’impact des oppressions structurelles pesant sur la vie des personnes trans*.
Pour plus d’information, voir le site de l’Existrans www.existrans.org

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