Réunion – L’ARPS cherche des bénévoles

L’Association Réunionnaise pour la prévention contre le Sida (ARPS) souhaite étendre ses actions et nécessite, pour cela, de recruter des bénévoles supplémentaires. L’une des actions phare de l’association consiste à aider les prostitué(e)s à se prévenir du VIH/Sida par l’usage de préservatifs qui leurs sont distribuées ainsi qu’à les soutenir dans leur accès au droit commun et aux libertés fondamentales. La directrice de l’association Cabiria, qui partage cette action de santé publique à Lyon, où l’association est implantée depuis plus de 15 ans, est en visite sur l’île depuis le vendredi 30 octobre 2009 et jusqu’au mercredi 4 novembre afin de permettre aux deux associations de partager leurs expériences et leurs modes de travail respectifs.

La prostitution est présente dans toutes les grandes villes de La Réunion.
Ce lundi 2 novembre 2009, l’Association Réunionnaise pour la prévention contre le Sida (ARPS) affiche trois perspectives d’évolution au sein de son association. D’une part, elle souhaite impliquer les prostituées « dans une démarche participative et communautaire afin d’adapter ses actions au plus près de leurs besoins et de leurs attentes. » L’association lyonnaise Cabiria, plus ancienne et donc plus expérimentée que l’ARPS, a déjà intégré certaines travailleuses du sexe au sein de son conseil d’administration. Un système qui semble fonctionner dans cette ville métropolitaine très touchée par la prostitution et qui pourrait servir de modèle à l’association réunionnaise.
D’autre part, l’ARPS souhaite étendre ses actions en direction des clients. Le but serait « à la fois d’arriver à intervenir sur des questions directement associées à la prévention des risques liés à la sexualité mais également de les sensibiliser aux respects des personnes prostitué(e)s afin de contribuer à lutter contre les violences perpétrées sur les lieux de prostitution. »
Et pour finir, l’association dionysienne espère étendre ses actions en direction des prostituées qui travaillent à domicile, par téléphone, par annonce ou encore par Internet. Pour l’heure, l’ARPS rencontre de vives difficultés pour atteindre ce public.
Sur ses différentes actions (accueil personnalisé dans le local de l’association, sortie hebdomadaire le vendredi soir sur les lieux de racolage, distribution de préservatif accompagné d’un message de prévention), l’ARPS est confrontée à deux types de public : des femmes, essentiellement originaires de Madagascar et des hommes transsexuels ou travestis originaires de la Réunion.
Deux questionnaires ont été réalisés par l’ARPS au sein de ces femmes prostituées. Il apparaît qu’elles ont en moyenne 35 ans, allant de 24 à 50 ans avec la plus forte occurrence entre 30 et 40 ans. 12% des 54 femmes interrogées considèrent leur activité comme un travail à part entière parmi lesquelles 55% cherchent un emploi et 33% espèrent arrêter cette activité prochainement. Plus de la majorité (54%) se sentent libres d’arrêter quand elles veulent et 86% d’entre elles n’invoquent que leurs difficultés financières comme contraintes.
Cette activité vécue comme difficile (78%) et fatigante (86%) confère un sentiment d’insécurité à plus de 63% des femmes sur le terrain. 30% d’entre elles imputent cette peur à l’attitude des clients. En revanche, contrairement à la métropole, le climat est relativement apaisé entre les prostituées et les forces publiques. Une majorité de ces femmes possèdent le numéro de téléphone de la Brigade Anti-Criminalité (BAC) dans leur répertoire et n’hésitent pas à s’en servir en cas de besoin.
Le cadre juridique de la prostitution est également critiqué par les associations. Cabiria et l’ARPS s’accordent à reprocher au « système abolitionniste de tendre vers la prohibition ». La loi de Sécurité Intérieure introduite en mars 2003 notamment, dite Loi Sarkozy, qui a pour objectif de pénaliser le raccolage passif dans le but de lutter contre le proxénétisme, n’a pas les résultats escomptés selon Florence Garcia et Alain Domercq, respectivement directrice de Cabiria et président de l’ARPS. Ces associations d’entraide regrettent l’aggravation de la situation des femmes. L’amplification de leur précarité les pousse à accepter des conditions de travail plus dangereuses du point de vue de la santé publique lorsque les clients proposent de payer plus cher pour ne pas mettre de préservatifs, ou encore plus délicate du point de leur sécurité, suite à des rafles qui font fuir les clients et qui conduisent les femmes à changer de lieu de racolage qui, souvent, était choisi pour son intérêt sécuritaire contre des sites inconnus. « En outre les femmes se regroupent moins, ce qui les fragilise vis-à-vis de potentiels clients agressifs. », précise Delphine Nau, assistante sociale de l’ARPS.
L’ARPS fonctionne avec 12 salariés, 25 bénévoles actifs (dont 15 formés aux actions liées à la prostitution) et 130 adhérents. Outre ces actions en direction des travailleurs du sexe, l’association s’occupe de prévenir les risques liés à la sexualité et soutient les jeunes femmes en proie à des grossesses précoces non désirées.
Pour contacter l’ARPS : 02 62 21 88 77
www.ipreunion.com

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