Ni pénalisation du racolage, ni pénalisation des clients : mais à quand des droits pour les putes ? 

Ce mercredi 14 Octobre au soir, le Sénat a voté la proposition de loi de renforcement de la lutte contre le système prostitutionnel, telle qu’elle avait été amendée par la commission spéciale chargée de l’étudier pour cette deuxième lecture.
L’article proposant de pénaliser les clients des travailleuses du sexe n’a ainsi pas été réintroduit, malgré quatre amendements, dont un du gouvernement en ce sens, et l’abrogation du délit de racolage a quant à elle été confirmée. Ces deux très bonnes nouvelles signifient que le Sénat a rejeté à la fois la répression directe des travailleurSEs du sexe via le délit de racolage, et leur répression « indirecte » (mais dont les conséquences seraient tout aussi concrètes) via la pénalisation de leurs clients.
Cependant, bien que l’article 1 du texte initial qui permettait un blocage des sites internet sans autorité judiciaire ait été rejeté par les deux chambres en première lecture, il impose désormais aux hébergeurs une obligation de signalement et de suppression de nos sites. On peut s’interroger tant sur le but que sur la légitimité de cette mesure qui contraint les opérateurs à signaler et supprimer les sites faisant la promotion d’une activité qui par ailleurs, demeure parfaitement légale.
De même, si les autorisations provisoires de séjour dont peuvent bénéficier les victimes de traite peuvent atteindre un an, et non plus 6 mois, celles-ci restent soumises à condition ; la condition n’est certes plus d’avoir déjà cessé le travail sexuel, mais de s’être engagé dans un processus de cessation de l’activité. Ce chantage consistant à n’aider que les « bonnes victimes » qui veulent arrêter le travail sexuel nous semble toujours aussi indécent et dangereusement contre-productif si le but visé est d’aider celles et ceux qui voudraient réellement arrêter le travail sexuel.
Nous le répétons :
seule la régularisation DE PLEIN DROIT, sans condition, des travailleurSEs du sexe et de touTEs les sans-papier sera à même de renverser le rapport de force en leur faveur.
et seule une DÉPÉNALISATION entière du travail du sexe (racolage, clients, proxénétisme) sera à même de permettre l’amélioration de nos conditions de travail.
Le Sénat a hier franchi une étape ; mais dans l’attente de savoir si l’Assemblée Nationale, suite à l’établissement d’un nouveau texte par une commission paritaire, fera à nouveau machine arrière, nous tenons à rappeler, plus que jamais, nos revendications :
NI ABOLITION, NI REPRESSION : des droits pour les travailleurSEs du sexe !

Partager maintenant

Comments are closed.