DELIT DE RACOLAGE PUBLIC : 11 ANS APRES, OÙ EN SOMMES-NOUS ?

Le 18 mars 2003 était votée la Loi sur la Sécurité Intérieure (loi Sarkozy / LSI), dont l’article 50 pénalise le racolage public (actif ET passif). Sous couvert de »protéger les personnes en situation de prostitution »et de lutter contre les réseaux, cette loi vise surtout à chasser des trottoirs les travailleuses et travailleurs du sexe. Onze ans après, le bilan est sans appel : le délit de racolage a eu pour seul effet d’accroître la vulnérabilité sanitaire et sociale des personnes prostituées. En reléguant la prostitution de rue dans des zones toujours plus reculées et difficilement accessibles aux associations, elle a accru la dépendance aux réseaux des personnes les plus vulnérables, favorisé la propagation des IST et les risques d’agression. En créant l’amalgame entre prostitution et délinquance, cette loi a aussi accru leur vulnérabilité juridique : victimes de harcèlement policier et de gardes à vue abusives, nombre d’entre elles renoncent désormais à porter plainte lorsqu’elles subissent des violences dans le cadre de leur activité. C’est tout le paradoxe de ces politiques répressives : sous la volonté affichée de protéger les personnes, celles-ci sont privées de leurs droits fondamentaux.
Les travailleurSEs du sexe et toutes les associations, communautaires, de santé, de lutte contre le VIH/Sida et de défense des droits humains, n’ont cessé de dénoncer les effets pervers de cette loi sur l’accès aux droits, sur les conditions d’exercice, la santé et la vie des personnes proposant des services sexuels tarifés, et ce tout au long de ces onze dernières années. Il aura fallu attendre 10 ans, le 28 mars 2013, pour que le Sénat vote l’abrogation de ce délit. Or un an après, le texte n’a toujours pas été présenté à l’Assemblée Nationale. Alors qu’il y a une urgence sanitaire et sociale, les députés ont en revanche voté la proposition de loi de« lutte contre le système prostitutionnel », prévoyant certes l’abrogation du délit de racolage public mais qui envisage la mise en place d’une autre mesure répressive aux effets tout aussi pervers : la pénalisation des clients.
Tout en luttant contre la traite et l’exploitation des Êtres humains, nous, travailleurs du sexe, associations communautaires et de prévention, réaffirmons que toute approche répressive du phénomène prostitutionnel est inefficace et dangereuse. Qu’elle vise les travailleurSEs du sexe ou leurs clients, les effets sont rigoureusement les mêmes. Les partisans de l’abolitionnisme, en prétendant avoir bienveillance et bonnes intentions à l’égard des prostituéEs entretiennent une approche moraliste qui nuit à la dignité, à la sécurité et à la santé des personnes qui se prostituent. Seule une meilleure prise en compte des besoins des personnes concernées permettra la mise en place de solutions adaptées et la garantie de leurs droits fondamentaux. Nous demandons l’abrogation immédiate et sans conditions du délit de racolage public.
Associations signataires : Act up, Arcat, Aides, Autres Regards, Cabiria, Collectif Droits et Prostitution, Griselidis, Médecins du Monde, STRASS
contacts presse : Aides : Antoine Henry : 06 10 41 23 86
Cabiria : Antoine Baudry : 06 76 63 59 22
Droits et Prostitution : cécile Lhuillier : 06 65 64 52 88
Médecins du Monde : Emmanuelle Hau / Aurélie Defretin :  01 44 92 14 31 / 13 81- 06 09 17 35 59

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