Travailleuses du sexe arrêtées et placées en rétention: c'est donc ça l'abolition ?

Paris, le 28 Avril 2016.

Communiqué du STRASS et des Roses d’Acier.

Mercredi 27 avril, vers 14h, un fourgon de police s’est stationné aux abords de la place Marcel Achard à Belleville. Très vite, des policiers en sont sortis et ont commencé à procéder à des contrôles d’identités à l’angle de la rue du Buisson Saint Louis et du Boulevard de la Villette, ciblant les femmes d’origine chinoise qui circulaient alors dans le quartier. En une vingtaine de minutes, ce sont d’abord 3 femmes, n’ayant pas de papiers, qui sont placées dans le fourgon. Puis une quatrième est également interpellée alors qu’elle marchait tranquillement. Le fourgon part ensuite au commissariat du 19è, où on les questionnera sur leur profession et leur adresse. Malgré le fait que l’une d’elle ait déclaré être sans profession, l’agent à noté sur le PV qu’elle était prostituée avant de lui faire signer.

Suite à cet interrogatoire, 2 femmes reçoivent une OQTF avec délai d’un mois et sont relâchées, 2 autres une OQTF sans délai et sont donc envoyées en centre de rétention.

Par ailleurs, l’une des femmes a entendu que si les 4 n’avaient pas été envoyées tout de suite en rétention, c’est qu’un seul véhicule ne permettait pas d’y emmener les quatre femmes en même temps.

Nous sommes révoltéEs par cette opération, qui a cyniquement lieu 2 semaines tout juste après le vote à l’Assemblée d’une loi prétendant protéger les prostituées.

Après avoir subi des années de harcèlement policier justifiés par le délit de racolage, puis des perquisitions des appartements dans lesquelles elles travaillaient, les femmes qui exercent le travail du sexe dans le quartier Belleville se retrouvent plus précarisées que jamais depuis le vote de la loi de « lutte contre le système prostitutionnel » et la raréfaction des clients qu’elle a entrainée.

La logique prévalant à l’application de cette loi abolitionniste apparaît clairement, et hélas telle que nous l’avions prévue ; la prostitution a diminué en effet depuis le passage de la loi : la preuve, depuis ce soir, il y a déjà 2 travailleuses du sexe en moins à Belleville.

C’est donc ça, l’abolition.

Nous exigeons la libération immédiate des 2 femmes interpellées.

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